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Aulnes

L’Aulne glutineux (Alnus glutinosa, Bétulacées), ami de bactéries fixatrices d’azote (Stratégies végétales)
L’Aulne glutineux ou Verne 1 est un arbre des terrains humides et marécageux, ou des bords de rivières, où il a souvent été planté pour contenir les débordements de l’eau, comme le pratiquaient déjà les Grecs de l’Antiquité. Sa présence en forêt permet de détecter une source. Il fait de nombreux rejets après une coupe mais il peut aussi atteindre 20 mètres de haut lorsqu’il grandit librement. Dans les marais instables, l’Aulne forme parfois des racines-échasses comme celles des palétuviers tropicaux.
Sur les branches, les chatons mâles, pendants, sont présents dès l’automne ; ils s’allongent à la floraison en fin d’hiver. Les chatons femelles, eux, sont dressés, plus courts et seulement présents au moment de la floraison. C’est le vent qui assurera la pollinisation.
Le bois de l’Aulne est poreux, facile à travailler en menuiserie pour la fabrication de différents petits objets. Il passe du blanc au rouge lorsqu’il se trouve à l’air libre, du fait de sa richesse en tanins. Ces derniers lui confèrent une imputrescibilité fort bien venue dans ces zones humides. Ce bois est mis à profit par l’Homme qui en fait des conduits de fontaines et en extrait un colorant brun.
Cet humble arbre des zones humides est doté d’une capacité originale. En effet, la plupart des plantes se suffisent généralement de deux types de “récepteurs”, un pour l’énergie lumineuse et le dioxyde de carbone, et l’autre pour les éléments du sol. Les récepteurs de lumière et de dioxyde de carbone (CO2) que sont les feuilles, où se déroule la photosynthèse, permettent la production de sucres. De leur côté, les racines sont les récepteurs des éléments du sol (eau et sels minéraux) qui entreront bien sûr dans la constitution des sucres photosynthétiques puis des protéines, lipides, acides nucléiques... que la plante fabrique. Chez la plupart des Angiospermes, les racines sont associées à des champignons dans des formations appelées mycorhizes (voir l’Arbousier, p. 98), qui contribuent à la fonctionnalité du système racinaire. Eh bien, les Aulnes, et plus particulièrement l’Aulne glutineux, possèdent un troisième type de récepteurs qui sont des fixateurs d’azote gazeux (N2), dans l’air2, ou dissous dans l’eau. Certaines racines portent des excroissances ramifiées qui hébergent des bactéries du groupe Frankia. Ces excroissances sont des capteurs d’azote contenant toute une machinerie physiologique singulière leur permettant d’utiliser cet élément de l’environnement, ce que la plupart des plantes sont incapables de faire. Une association similaire existe cependant chez les Légumineuses qui hébergent des bactéries Rhizobiacées, fixant également l’azote gazeux3. Comme les agriculteurs le font avec des Légumineuses (assolement), on plante des Aulnes sur les immenses barrages-poids au Canada pour enrichir le sol en azote assimilable par les autres plantes (nitrates). L’Aulne est aussi utilisé dans des travaux de génie écologique pour stabiliser les berges de cours d’eau à régime torrentiel grâce à son système racinaire.
1. Voir “La Hulotte” n°51 et 52 sur les noms vernaculaires de l’Aulne !
2. L’azote gazeux constitue 78% de l’air de notre atmosphère, mais la plupart des plantes sont incapables d’en tirer profit. Elles trouvent l’azote sous forme de nitrates dans le sol.
3. Si l’association Légumineuses – Rhizobiacées est responsable de la plus grande part de la fixation biologique d’azote atmosphérique dans le monde, les symbioses entre plantes (réparties en 24 genres appartenant à 8 familles) et bactéries du groupe Frankia méritent un satisfecit. Les 260 plantes concernées assurent une part notable de la fixation biologique d’azote gazeux. Cette propriété leur confère souvent un caractère de plantes pionnières, notamment dans des milieux pauvres en nitrates.

Les excroissances racinaires de l’Aulne renferment des bactéries capables de capter l’azote gazeux, aérien ou dissous dans l’eau, au bénéfice de l’arbre.

Les racines très colorées de l’Aulne glutineux, du blanc à l’orange vif, sont généralement immergées et bien visibles le long des berges d’aulnaies.

Aulnes (Le Livre des arbres, arbustes & arbrisseaux, Lieutaghi, Actes Sud)
Alnus Gaertn. BÉTULACÉES
Arbres ou arbrisseaux à feuilles alternes, simples, dentées, glabres ou ± velues, parfois visqueuses dans la jeunesse ; bourgeons souvent portés par un petit pied, recouverts de trois écailles dont l'externe embrasse les deux autres et pouvant, au premier abord, paraître à une seule écaille (cf. Saules !). Fleurs mâles en chatons cylindriques, d'abord denses, verts, dressés, puis, à la floraison, pendants, allongés, non persistants ; fleurs femelles en petits cônes ovoïdes devenant ligneux et durs, ressemblant à de très
petites pommes de Pin, persistant deux ans sur l'arbre. Fruits très petits, aplatis, secs, bordés d'une aile opaque ou translucide. Fleurs généralement très précoces, de février au début d'avril, bien avant les feuilles ; fruits de juillet à octobre selon les espèces.
Environ trente espèces distribuées dans l'hémisphère nord et l'Amérique du Sud.
Détermination des espèces
1/ Bourgeons sessiles ; chatons males et femelles non réunis dans une même inflorescence, les premiers paraissant à l'automne, les deuxièmes au printemps ; arbrisseaux de 1-2 m, très buissonnants, des hautes montagnes. -2
- B. portés par un petit pied ; chatons des deux sexes dans une même inflorescence paraissant à l'automne ; arbres ou arbustes -3
2/ Feuilles largement ovales ou presque rondes, obtuses ou peu pointues au sommet, glabres en dessous, sauf parfois à l'aisselle des nervures, visqueuses et odorantes (Corse) ; Alnus suaveolens Req. Aulne parfume
- F. ovales ou elliptiques, aiguës au sommet, velues en dessous, au moins sur les nervures (Alpes) ; A. viridis DC. Aulne vert
3/ F. aiguës au sommet, à contour ovale ou elliptique, à 8-12 paires de nervures, gris-vert ou glauques et velues en dessous (loupe !) ; écorce âgée lisse, gris clair ; A. incana Moench. Aulne blanc [F. vertes et ± velues en dessous, largement ovales ou obovales, obtuses ou peu aiguës ; hybr. du précéd. et du suiv. : A. \ pubescens Tausch, Aulne pubescent]
- F. tronquées, échancrées, ou très obtuses au sommet ; glabres en dessous ou poilues aux aisselles des 6-9 paires de nervures, visqueuses dans le jeune âge. -4
4/ F. en coin à la base, tronquées (comme coupées) ou échancrées au sommet, doublement et fortement dentées ; nervures droites jusqu'au bord du limbe ; écorce brun sombre, tôt crevassée ; A. glutinosa Gaertn. Aulne glutineux
- F, en cœur à la base, très obtuses (parfois ± pointues) au sommet, finement et régulièrement crénelées-dentées ; nerv. ± irrégulières, ramifiées avant les bords ; écorce gris brunâtre à peu près lisse avec de grandes lenticelles jusqu'à 35-40 ans, puis crevassée ; A. cordata Desf. Aulne à feuilles en cœur

Stations, distribution
L'Aulne glutineux (Alnus glutinosa Gaertn.) est le plus repandu ; on l'appelle aussi Verne. Il croît communément le long des cours d'eau (ripisylve), dans les bois humides, en plaine, et aux basses altitudes, en France et en Corse. Son aire couvre toute l'Europe, sauf l'extrême nord et l'extrême sud, déborde sur la Sibérie et l'Asie Mineure. C'est à lui que se rapportent, du moins en France, la plupart des indications médicinales concernant l'Aulne.

L'Aulne blanc ou Aulne de montagne (A. incana Moench.) est commun dans les Alpes, le Jura et en Alsace, rare dans la Bresse et les Dombes ; il pourrait être spontané dans le...

L'Aulne à feuilles en cœur (A. cordata Desf.), petit arbre au beau feuillage persistant jusqu'à l'entrée de l'hiver, est une essence typique du bord des eaux dans les plaines et les basses montagnes de la Corse (ainsi qu'en Italie du Sud). Le Catalogue-Flore des Pyrénées, publié sous la direction du Pr H. Gaussen, l'indique en un point de l'extrême nord-est de l'Espagne et, avec doute sur sa spontanéité, dans les Hautes-Pyrénées (Monde des pl., 350,1966, p. 16). L'Alnus cordata est parfois planté dans les reboisements en France continentale (Champagne crayeuse). Il se régénère spontanément à Angers, entre les bras de la Loire (J. Pourtet, 1964), dans l'étage montagnard de la Drôme, etc.

L'Aulne vert (A. viridis DC.) caractérise un groupement broussailleux de l'étage subalpin humide, sur silice. Son aire couvre les Alpes de France et de Suisse, les montagnes de l'Europe centrale, les Balkans et le nord-est de la Russie.

Propriétés médicinales
L'Aulne est une plante médicinale délaissée sans doute à tort, que la pratique populaire a tenu en estime. On emploie les feuilles et l'écorce des jeunes rameaux. Au XVIe siècle on utilisait des feuilles fraîches en emplâtres pour résoudre enfleures et inflammations, en particulier celles des pieds fatiguées par la marche. Écorce astringente et fébrifuge. En usage externe, les feuilles fraîches sont antigalactogènes, résolutives, sudorifiques, détersives et cicatrisantes. Pour les rhumatismes, on étendait des feuilles chauffées au soleil sur le lit et on s'allongeait dessus.
Bois d'Aulne glutineux, jaune à l'état vivant, vire au rouge brique au contact de l'air. Bois demi-dur, moyennement lourd, homogène, doux, assez fragile et cassant. Il supporte mal les alternances de sécheresse et d'humidité, mais remarquable en humidité constante (Vitruve raconte que Ravenne repose sur des troncs d'Aulne), Venise est bâti sur des pilotis d'Aulne. Les cultivateurs enfouissent des branches d'Aulne dans des tranchées, ce qui assurent longtemps l'écoulement des eaux du sol.
Le bois fumé sert en saboterie, et on en fait d'ustensiles et objets divers.
Les boulangers et verriers préféraient ce bois, qui dégage chaleur sans éclater ni pétiller. Très utilisé dans le Nord pour fumer viande et poisson.
Le bois d'Aulne à feuilles en cœur a des mêmes propriétés.

En anglais, l'écorce de pin est appelé Pine Bark. Vous pouvez également trouver les benefits of pine bark extract on fcer.org

Usages divers
L'écorce de l'Aulne, très riche en tanin (jusqu'à 20 %), est utilisée, dans les pays nordiques, au tannage des peaux. Plus fréquent est son emploi tinctorial : ce sont surtout les chapeliers qui, dès le Moyen Age en ont tiré une couleur noire pour le feutre (elle peut remplacer l'encre : il suffit de faire macérer l'écorce quelque temps avec de la limaille de fer). Les cônes murs paraissent encore plus riches en tanin. Le bois donne une couleur brune en présence de sels de fer. Si la décoction des feuilles peut servir à préserver vaches et chevaux des mouches et des taons, les rameaux feuilles ont la propriété, curieuse mais bien réelle, d'attirer (et peut-être d'occire) les puces et les insectes parasites de l'homme et des animaux : "Estant encore trempés de la rosée, dit Matthioli, on les sème par les chambres pour faire mourir les puces : qui est chose bien expérimentée." Mis le soir dans le poulailler ou le pigeonnier, ces rameaux attirent, dit-on, toute vermine, et il suffit, au matin, de les ramasser et de les brûler.
Emploi des Aulnes dans la restauration des sols.

Les qualités de leur bois (s'il est de dimensions commercialisables car le bois de feu ne se vend plus) justifient par contre la plantation des Aulnes dans les terres très mouillées peu favorables aux Peupliers. Et là, ces arbres se révèlent précieux à d'autres titres : leurs racines portent des nodosités à Actinomycètes symbiotiques parfois grosses comme une balle de tennis. Ces Actinomycètes, bactéries à aspect de champignons microscopiques, sont des fixateurs d'azote ; on pense que l'Aulne peut enrichir le sol, grâce à ses nodosités, de 60 à 200 kg par hectare et par an.
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