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Introduit en Europe, vers 1700, de l'est des Etats-Unis où il croît surtout dans les vallées fertiles, le Févier, dont le nom fait allusion aux fruits énormes qui lui donnent, à l'automne, l'allure d'un arbre à saucisses, est loin d'avoir la grâce de l'Arbre de Judée : dans sa variété la plus répandue, il est hérissé, surtout dans la jeunesse, d'épines très dures, parfois simples, ordinairement ramifiées, qui mesurent de 10 à 20 cm sur le tronc et de 7 à 12 cm sur les branches. C'est un grand arbre (25-30 m au plus en France, 45 m aux USA), à écorce longtemps lisse, grisâtre, puis gerçurée en plaques grossières, au couvert léger. Il possède des feuilles pennées de deux sortes : au printemps elles sont toutes simplement pennées (comme celles du Robinier) ; celles qui apparaissent à la fin du printemps sont bipennées (l'axe centrai de la feuille, ou rachis, est ramifié, et les folioles sont portées par ces ramifications) ; les premières sont composées de 20-30 folioles de 2-3,5 cm, oblongues-lancéolées, faiblement denticulées, velues sur la nervure médiane en dessous, d'un vert tendre ; les secondes, qui peuvent avoir jusqu'à quatorze ramifications, ont des folioles plus petites : 0,8-2 cm. Les fleurs (mai-juin), insignifiantes, d'un jaune verdâtre, sont réunies en petites grappes monoïques (les unes mâles, les autres femelles) sur les rameaux d'un an. Les fruits sont des gousses pendantes, très longues, de 20-35 (-50) cm x 3-6 cm. très plates, plus ou moins courbées et contournées, rougeâtres à maturité ; elles contiennent des graines brunes et pointues.
Usages
Le Févier, par son "feuillage très agréable qui a une petite odeur gracieuse" (Duhamel), est un arbre décoratif que ses fruits un peu saugrenus, persistants, rendent pittoresque dans nos contrées où les arbres fleurissent et fructifient avec une habituelle discrétion. On le plante assez souvent en alignements au bord des routes et, comme il supporte bien la taille, on en fait, dans le Midi, des haies tout à fait impénétrables.
Son bois, dur et assez lourd, dont l'aubier est blanc jaunâtre, le cœur rouge brun ou rosé, résiste à l'humidité, se fend très bien, est excellent pour faire des pieux, des échalas mais, très raide, ne saurait avoir les usages du Robinier, dont il se rapproche à plusieurs égards. En France, il est sans importance économique. Les épines sont assez dures et solides pour qu'on ait pu les utiliser en guise de clous.
Les gousses, dont l'enveloppe coriace contient des sucres, peuvent donner, après fermentation, une eau-de vie passable ; tel était leur usage en Amérique du Nord.
Culture
Le Févier est rustique jusque sous le climat de Paris, bien qu'il y fructifie moins régulièrement que dans les contrées méridionales. Ses exigences sont à peu près les mêmes que celles du Robinier : il lui faut des sols assez frais et substantiels, des terres d'alluvions, par exemple ; il dépérit sur ceux qui sont trop secs ou trop maigres. Les régions de l'ouest et du sud-ouest de la France sont celles qui lui conviennent le mieux. On le multiplie aisément de graines, semées au printemps en pots ou, dans les climats qui le permettent, sur une planche bien préparée, à exposition chaude. Le jeune plant, qui croît rapidement (il peut avoir 30 cm à la fin de la première année) est très sensible aux froids : il faut, soit le rentrer en serre, soit le couvrir de paille ou de fougère pendant la mauvaise saison. Au printemps, on le repique en pleine terre ou en caisses. La troisième année, après avoir continué de l'abriter en hiver, on peut le mettre en place. Le Févier se développe alors avec vigueur. On peut aussi le propager par repiquage de drageons. Plantés en rangs serrés, les Féviers font des haies infranchissables. Il en existe une variété sans épines que l'on trouve, comme l'épineuse, chez quelques pépiniéristes.
Extrait de "Le livre des arbres, arbustes & arbrisseau", P. Lieutgaghi, Actes Sud
ArBres
Févier à trois épines
Gleditschia triacanthos - L.Introduit en Europe, vers 1700, de l'est des Etats-Unis où il croît surtout dans les vallées fertiles, le Févier, dont le nom fait allusion aux fruits énormes qui lui donnent, à l'automne, l'allure d'un arbre à saucisses, est loin d'avoir la grâce de l'Arbre de Judée : dans sa variété la plus répandue, il est hérissé, surtout dans la jeunesse, d'épines très dures, parfois simples, ordinairement ramifiées, qui mesurent de 10 à 20 cm sur le tronc et de 7 à 12 cm sur les branches. C'est un grand arbre (25-30 m au plus en France, 45 m aux USA), à écorce longtemps lisse, grisâtre, puis gerçurée en plaques grossières, au couvert léger. Il possède des feuilles pennées de deux sortes : au printemps elles sont toutes simplement pennées (comme celles du Robinier) ; celles qui apparaissent à la fin du printemps sont bipennées (l'axe centrai de la feuille, ou rachis, est ramifié, et les folioles sont portées par ces ramifications) ; les premières sont composées de 20-30 folioles de 2-3,5 cm, oblongues-lancéolées, faiblement denticulées, velues sur la nervure médiane en dessous, d'un vert tendre ; les secondes, qui peuvent avoir jusqu'à quatorze ramifications, ont des folioles plus petites : 0,8-2 cm. Les fleurs (mai-juin), insignifiantes, d'un jaune verdâtre, sont réunies en petites grappes monoïques (les unes mâles, les autres femelles) sur les rameaux d'un an. Les fruits sont des gousses pendantes, très longues, de 20-35 (-50) cm x 3-6 cm. très plates, plus ou moins courbées et contournées, rougeâtres à maturité ; elles contiennent des graines brunes et pointues.
Usages
Le Févier, par son "feuillage très agréable qui a une petite odeur gracieuse" (Duhamel), est un arbre décoratif que ses fruits un peu saugrenus, persistants, rendent pittoresque dans nos contrées où les arbres fleurissent et fructifient avec une habituelle discrétion. On le plante assez souvent en alignements au bord des routes et, comme il supporte bien la taille, on en fait, dans le Midi, des haies tout à fait impénétrables.
Son bois, dur et assez lourd, dont l'aubier est blanc jaunâtre, le cœur rouge brun ou rosé, résiste à l'humidité, se fend très bien, est excellent pour faire des pieux, des échalas mais, très raide, ne saurait avoir les usages du Robinier, dont il se rapproche à plusieurs égards. En France, il est sans importance économique. Les épines sont assez dures et solides pour qu'on ait pu les utiliser en guise de clous.
Les gousses, dont l'enveloppe coriace contient des sucres, peuvent donner, après fermentation, une eau-de vie passable ; tel était leur usage en Amérique du Nord.
Culture
Le Févier est rustique jusque sous le climat de Paris, bien qu'il y fructifie moins régulièrement que dans les contrées méridionales. Ses exigences sont à peu près les mêmes que celles du Robinier : il lui faut des sols assez frais et substantiels, des terres d'alluvions, par exemple ; il dépérit sur ceux qui sont trop secs ou trop maigres. Les régions de l'ouest et du sud-ouest de la France sont celles qui lui conviennent le mieux. On le multiplie aisément de graines, semées au printemps en pots ou, dans les climats qui le permettent, sur une planche bien préparée, à exposition chaude. Le jeune plant, qui croît rapidement (il peut avoir 30 cm à la fin de la première année) est très sensible aux froids : il faut, soit le rentrer en serre, soit le couvrir de paille ou de fougère pendant la mauvaise saison. Au printemps, on le repique en pleine terre ou en caisses. La troisième année, après avoir continué de l'abriter en hiver, on peut le mettre en place. Le Févier se développe alors avec vigueur. On peut aussi le propager par repiquage de drageons. Plantés en rangs serrés, les Féviers font des haies infranchissables. Il en existe une variété sans épines que l'on trouve, comme l'épineuse, chez quelques pépiniéristes.
Extrait de "Le livre des arbres, arbustes & arbrisseau", P. Lieutgaghi, Actes Sud
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