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Le frêne ou un roi à la sexualité débridée.

Fraxinus excelsior. Bertrand Schatz

De la famille de l'olivier (Oléacées), les 65 espèces de frênes dans le monde sont du genre Fraxinus qui n'est représenté en Europe que par deux espèces dont le frêne à manne ou à fleurs (F. ornus) rare et de taille moyenne et le frêne élevé (F. excelsior). Ce dernier est le plus répandu en Europe occidentale jusqu'à la Scandinavie et l'Oural et sa taille peut atteindre plus de 40 m de haut avec des records à 45, et même 48 mètres. Son fort potentiel de croissance, la qualité et la dureté de son bois, la grande hauteur de son tronc sans branches (le houppier) et ses abondantes régénérations naturelles en font une très bonne essence sylvicole. Il peut vivre 300 ans et sert de composant de base dans la fabrication de l'élixir du centenaire. Apprécié depuis des millénaires, nombre de légendes ont vu le jour autour de cet arbre majestueux et connu comme un des plus hauts autour de la Méditerranée. Symbole de puissance chez les Grecs, il était consacré à Poséidon le dieu des séismes auxquels il résisterait, la lance d'Achille aurait été faite de son bois très dur et il ferait fuir les serpents par sa très grande ombre. Chez les Celtes et les Germains, c'est Yggdrasil c'est l'arbre fondateur, la charpente de l'univers, l'arbre cosmique qui ne craint ni les flammes, ni le gel ou les ténèbres ... et son caractère sacré explique son nom d'espèce excelsior. Un frêne centenaire peut produire environ 100 000 graines par an, ce qui explique qu'il fut aussi le symbole de bonheur conjugal chez les Romains ou de fécondité dans le Midi de la France. Aujourd'hui, son feuillage peut encore servir d'aliment pour le bétail en zone de montagne, et son bois est recherché en menuiserie.
Son écologie est aussi remarquable, et il accueille de nombreuses espèces d'insectes et d'oiseaux et même de petits mammifères. Ses racines stabilisent le sol, ses gros bourgeons noirs peuvent nourrir les grands mammifères, ses fruits, les samares, sont très appréciés des oiseaux et des écureuils, et ses feuilles forment une excellente litière riche en éléments minéraux et en micro-organismes. Cette majesté de nos forêts et de nos campagnes n'a donc que des qualités. Il se permet même d'avoir une sexualité versatile à tel point qu'elle laisse encore perplexes les botanistes. Certains pensent que les frênes naissent mâles, puis à la suite de stress climatiques ils deviendraient femelles puis même hermaphrodites ! D'autres pensent qu'il s'agit d'un arbre dioïque, avec des arbres mâles et d'autres femelles, même s'il faut lui reconnaître beaucoup d'exceptions... Il est même possible d'observer des branches mâles et d'autres femelles sur un même arbre ! Qu'il soit polygame, dioïque ou hermaphrodite, il s'agit là d'un roi sylvestre bien sympathique à la sexualité débridée !


Extrait de "Le livre des arbres, arbustes & arbrisseau", P. Lieutgaghi, Actes Sud :

Frêne élevé

Fraxinus excelsior L.
Le plus répandu de nos Frênes est un arbre de grande taille pouvant, en des circonstances favorables, dépasser 35 m de hauteur et 3 m de circonférence. H. Gadeau de Kerville (1895) cite à Aunay-les-Bois (Orne), un arbre de 36 m d'élévation sur 4,43 m de tour. Mathieu (op. cit., p. 241) rapporte que, vers 1535, on en abattit, en Frise, un sujet qui mesurait 8 m de circonférence. La longévité, toutefois. semble excéder rarement deux siècles.
Le Frêne, quand il croît en massif, possède un fût droit dépourvu de branches jusqu'à une grande hauteur ; à l'état isolé, son port est plus irrégulier. La cime, assez claire,
d'abord ovale, s'arrondit avec l'âge ; le couvert est léger. L'écorce est longtemps lisse, grise ou gris olivâtre ; à un âge avancé, elle se crevasse finement et densément. Les jeunes rameaux lisses et glabres, gris-vert, munis de gros bourgeons opposés d'un beau noir mat, en font l'une des espèces a feuilles caduques les plus faciles à identifier pendant l'hiver.
L'enracinement est très puissant : de robustes racines horizontales donnent à l'arbre une assise a l'épreuve des tempêtes.
Les fleurs d'un Frêne peuvent être hermaphrodites (étamines et pistil) ou dioïques (toutes d'un même sexe). Un arbre mâle s'il ne donne pas de fruits, gagnera en vigueur végétative et sera un meilleur producteur de bois celui qui, pour fructifier, mobilise une part de son énergie vitale. La fructification est assez irrégulière et, surtout en montagne, les Frênes peuvent rester stériles pendant plusieurs années consécutives. Les samares passent souvent l'hiver sur l'arbre et ne se dispersent qu'au printemps, un an après la floraison. On rencontre parfois à l'état spontané (Est), plus souvent dans les parcs, une forme à feuilles réduites à 1 seule grande foliole ; c'est la var. diversifolia Ait. = monophylla Desf.
Le Frêne est un arbre des sols fertiles, frais et profonds. Il ne forme pas de peuplements purs mais se rencontre disséminé dans les forêts, jusqu'à l'altitude limite
de 1 600 m (Alpes). En plaine, c'est un compagnon habituel du Chêne, surtout pédonculé, du Hêtre et du Charme (voir P.Jovet, Le Valois, p. 203, pour les "Chênaies-frênaies" de la région parisienne). En montagne, il se mêle au Hêtre et au Sapin. Il était très souvent cultivé, autrefois, pour ses feuilles fourragères, et on le rencontre planté en haies dans la plupart des régions d'élevage, surtout en moyennes montagnes, parfois déformé par la taille au point de n'être plus qu'un simple tronc vêtu d'un manchon de branches grêles.
Commun dans toute la France, sauf dans la région méditerranéenne, absent en Corse, le Frêne élevé croît dans toute l'Europe jusqu'au 64e degré de latitude N. Il se raréfie ou disparaît dans les pays méditerranéens, réapparaît dans le Caucase et en plusieurs massifs de l'ouest de l'Asie.

USAGES
Propriétés médicinales

L'histoire thérapeutique du Frêne se confond avec celle de la médecine occidentale. Les Grecs, Hippocrate, Théophraste, connaissaient déjà ses vertus diurétiques. Pline, selon son habitude, mêle les données de ses multiples sources et le dit vénéneux en Grèce, antivenimeux en Italie (sans doute par confusion entre milos, If, et mélia, Frêne).
Dioscoride, son contemporain, ne retient qu'un pouvoir de guérir les morsures de vipères. Serenus Samonicus, poète et médecin des IIe-Ille siècles cite, dans ses préceptes l'usage des semences contre l'hydropisie. Le Moyen Age paraît négliger les principales indications des anciens mais en ajoute un bon nombre qui ne manquent pas de fantaisie. Au XVIe siècle, Mathias de Label assure encore "parfum" des feuilles, de la graine et de l'écorce est excellent pour combattre la surdité et conseille d'instiller dans l'oreille la sève des jeunes branches... Matthioli, comme la plupart des auteurs de la Renaissance, répète Pline au sujet des propriétés antivenimeuses du Frêne. Dodoens (1557) insiste toutefois sur l'effet diurétique des "feuilles, éscorce et tendrons". "A ceux qui sont par trop gras, écrit-il, on donne tous les jours à jeun trois ou quatre feuilles de Fresne à boire en vin, à celle fin qu'ilz deviennent maigres." Les fruits ont les mêmes vertus mais on les croit aussi aphrodisiaques, surtout si on les consomme avec des noix de muscade... Du XVIle siècle à nos jours, le Frêne conserve, dans la pratique populaire, la réputation d'un antirhumatismal, d'un antigoutteux d'importance. Avec le Tilleul et le Bouleau, c'est encore l'un des "arbres médicinaux" les plus utilisés.
Emploi diurétique
Les feuilles du Frêne, que l'on récolte en juin, vers la Saint-Jean (on les sèche au grenier, sur des claies, en les remuant de temps à autre ; peu de jours suffisent à les déshydrater ; on les conserve à l'abri de l'air et de la lumière), ou les fruits, cueillis avant maturité, pendant les mois chauds (leur forme particulière leur a valu, chez les vieux apothicaires, les noms de linguœ avis ou d'ornithoglossœ officinarum : langues d'oiseau des officines), sont des diurétiques, des sudorifiques de grande valeur. Les cendres du bois ont elles-mêmes été vantées comme sudorifiques dans certaines dermatoses (contre la lèpre par G. B. Porta, Phytognomonica, 1588) et dans les maux qui sollicitent l'emploi des diurétiques (Gilibert).
L'infusion des feuilles (1 cuillerée à soupe de feuilles brisées pour 1 tasse d'eau bouillante) ou la décoction des fruits, plus active (15-30 g par litre d'eau), ont une action très marquée sur la sécrétion urinaire et sur la diaphorèse. Le volume des urines s'accroît l'acide urique est activement éliminé : bien des goutteux souffrant depuis des années, parfois presque impotents; ont été souvent soulagés, parfois guéris par l'usage de ces préparations aussi simples que peu coûteuses. Au XIXe siècle, Peyraud, Delarue, Cazin et bien d'autres médecins ont prescrit le Frêne avec succès dans de nombreux cas de rhumatismes, de goutte vérifiant les affirmations des empiristes de la Renaissance, le remettant même à l'honneur puisque le XVIIIe siècle y voyait surtout, par son écorce, un succédané indigène du Quinquina.
Les phytothérapeutes modernes font toujours confiance au Frêne : le Dr F. Decaux (1939) l'a conseillé à des goutteux, à des arthritiques qui en ont obtenu des résultats très appréciables. L'infusion des feuilles ou la décoction des fruits (doses ci-dessus ; 2 à 3 tasses par jour ; en cure prolongée) est très salutaire aux vieux rhumatisants. Le Dr H. Leclerc {Précis, 4e éd., 1954) prescrit à ces derniers une infusion composée : feuilles de Cassis 100 g ; feuilles de Frêne 50 g ; sommités fleuries de Spiree Ulmaire (Reine des près), 50 g ; une cuillerée à soupe du mélange pour une tasse d'eau bouillante. J'ai vu des personnes âgées souffrant de rhumatisme chronique éprouver soulagement pour avoir suivi ces conseils et bu 2 à 3 tasses journalières de cette tisane pendant quelques semaines…
Cazin a ordonné le Frêne avec profit dans le rhumatisme articulaire aigu.
Fébrifuge ? L'écorce du Saule blanc serait plus efficace (notre fébrifuge indigène le plus efficace) ; on emploie exclusivement l'écorce des jeunes rameaux.
Feuilles fraîches laxatives. Sèches, on les mêle parfois au thé.
Feuilles comme fourrage; on voit encore en montagne des rideaux de Frênes plantés pour l'émonde.
Bois
Le Frêne produit l'un des bois les plus précieux de nos climats, aussi recherché que le Merisier ou le Noyer. Ce bois est blanc, légèrement veiné longitudinalement, parfois brunâtre au cœur (ce qui le déprécie), d'un nacré quand il est travaillé de frais. La densité comme les propriétés physiques varient avec la provenance et les conditions de croissance (ce qui a été dit à propos de Chêne s'applique à celui du Frêne) ; le bois type surtout remarquable par sa souplesse, son élasticité, sa ténacité ; il supporte fort bien les chocs et les vibrations. Il est moyennement lourd (densité 0,6-0,8) et dur, assez peu durable.
Le Frêne a été employé de tout temps aux travaux qui requièrent une haute résistance à la flexion, aux secousses. aux heurts, où il surclasse tous les autres bois d'œuvre indigène. Les Grecs distinguaient déjà le bois du boumélia. arbre élevé au bois blanc et peu noueux, notre Frêne, de celui du mélia, petit arbre donnant un matériau de moindre qualité, qui peut être le Frêne à fleurs, ou Orne, ou encore le Frêne oxyphylle (Théophraste, Hist. despl., III, 11, 3) et reconnaissaient la supériorité du bois de montagne sur le bois de plaine. La lance d'Achille, dans IIliade (20, 277), est en bois de mélia. Pline, tout en répétant ça et là ses auteurs, trouve, pour le Frêne, quelques appréciations personnelles : son bois, dit-il, est celui qui convient le mieux à toute espèce de travail ; il surpasse le coudrier pour les lances, ainsi que le Cornouiller, plus lourd, et le Sorbier, moins souple ; celui de Gaule, flexible, est utilisé en charronnage (Hist. not., XVI, 83). Jusqu'à nos jours, le Frêne est resté l'un des bois les plus employés par les charrons (brancards, timons, rayons des roues, etc.). Il est très apprécié pour les avirons, les manches d'outils, les raquettes de tennis, les skis (bien que l'Hickory américain l'ait supplanté pour ces deux derniers usages). On en fait aussi des échelles, des cercles de tonneaux et de cuves et une foule d'objets tournés, dont des pieds de chaises, des jouets, etc. La menuiserie rustique en a tiré des armoires, des commodes, des coffres. Les ébénistes font des meubles du bois de la plus belle qualité et recherchent particulièrement, pour le placage, celui, ronceux, des broussins
qui naissent parfois sur les troncs émondés. Les sièges de bois ployé, aux lignes "scandinaves", sont souvent en Frêne.
On fabriquait autrefois d'excellents arcs en Frêne, considéré comme le meilleur "bois d'arc" après celui du Cytise.

CULTURE
On plante peu le Frêne pour l'ornement, encore moins pour son bois, et c'est à tort car ce bel arbre ne le cède en rien à certains exotiques répandus dans les parcs, tandis que sa plantation représente, si elle est bien menée, un investissement dont le terme lointain ne devrait pas masquer la valeur.
Le Frêne aime les sols frais et profonds, les climats plutôt humides. On peut le planter au bord des eaux, mais, dans les sols trop détrempés, il ne produit qu'un bois de qualité inférieure. Il résiste parfaitement aux froids de nos contrées. On en trouve, chez les pépiniéristes, une superbe variété à rameaux pendants (Fraxinus excelsior "pendula").
Le semis est la seule méthode de multiplication. Mises en terre dès la récolte, à l'automne, les graines ne lèvent souvent qu'au bout de 18 mois, plus rarement au printemps suivant, et il est préférable de les stratifier pendant une année avant de les semer ; elles germent alors rapidement. Il est souhaitable, pour la vigueur future de l'arbre, de semer en place. On peut aussi tenir le Frêne en pépinière pendant 2 ans et le mettre en place passé ce temps, à l'automne ou à la fin de l'hiver. Jusqu'à l'âge de 5 ans, l'arbre s'accroît fort peu, développant alors surtout ses parties souterraines, puis il s'élève avec vigueur et conserve cet élan pendant de nombreuses années.

Frêne à feuilles étroites
Fraxinus angusîifolia Vahl.
Les botanistes réunissent sous ce nom un groupe de formes, peut-être de sous-espèces de distinction délicate, croissant dans tout le Bassin méditerranéen et qui, variables quant au port, à la taille, à la dimension des feuilles, des folioles et des fruits, se différencient essentiellement du Frêne élevé par la couleur et la grosseur des bourgeons et par les exigences écologiques.
Le Frêne à feuilles étroites est habituellement un petit arbre (il dépasse rarement 15 m), souvent un arbuste, parfois un simple arbrisseau (en Camargue, par exemple) ; les folioles sont ordinairement plus rétrécies au sommet, plus étroites que celles du Frêne élevé, et les petites dents qui les bordent, souvent peu nombreuses, au lieu de s'incurver vers le sommet, ont tendance à se déjeter en arrière ; les fruits sont plus étroits que ceux de l'espèce septentrionale. On rencontre le Frêne à feuilles étroites dans toute la région méditerranéenne, qu'il déborde jusqu'à la Côte d'Ôr à l'Est, et ça et là vers le Sud-Ouest et le Centre-Ouest. En Corse, on l'observe surtout dans la plaine orientale. C'est une essence très fréquente des ripisylves (bois du bord des eaux) du Midi, des rives des cours d'eau, fussent-ils périodiques, que l'on trouve aussi sur les coteaux boisés, plutôt frais, et aux expositions ombragées (l'indication "rocailles, rochers" que P. Fournier, dans ses Quatre Flores, associe à "graviers", ne saurait s'appliquer qu'à des cas exceptionnels).
Le Frêne à feuilles étroites a les usages médicinaux et industriels du Frêne élevé. Peut-être serait-il même plus actif aux mains du phytothérapeute (ses feuilles, nous l'avons vu, seraient plus fidèlement laxatives). Son bois est plus compact, plus dense que celui du précédent mais des dimensions toujours assez faibles en restreignent l'emploi.

Frêne à fleurs
Fraxinus ornus L.
Ornus est l'ancien nom latin de ce petit arbre méditerranéen que sa fIoraison tardive et profuse suffit à différentier des autres Frênes de nos climats. Défleuri, il se reconnaît encore aisément à ses feuilles composées de folioles portées chacune par un petit pétiolule, et à ses bourgeons terminaux gros, cendrés. Sa cime est bien plus fournie que celle de nos autres espèces. Son écorce grisâtre reste toujours lisse. Il atteint 7 à 10 m.
Le Frêne à fleurs croît dans tout le midi de l'Europe, de l'Espagne à la Turquie, ainsi qu'en Asie Mineure. Répandu en Corse dans les forêts, les ripisylves, les maquis, les lieux rocheux, jusqu'à l'altitude de 1 400 m, on ne le retrouve spontané en France que dans les Alpes-Maritimes. On l'a introduit ça et là dans les bois de la région méditerranéenne (mon ami A. Branchu me l'a montré à Saint-Pierrede-Vacquières, près de Nîmes, où il est disséminè sur plusieurs hectares de chênaie verte, où il se ressème spontanément). Il en existe, endémique, en Corse et en Sardaigne, une belle variété à folioles d'un vert plombé en dessus, cendrées-argentées en dessous, le F. Ornus L. var. argentea Gren.
Manne
L'Orne, dans les contrées les plus chaudes de son aire, exsude, sur ses feuilles et aux plates de son écorce, une gomme de saveur douce et fade qui, dans l'espace d'une journée, se prend en grains ou en masses jaunâtres ou blanchâtres. C'est la manne des apothicaires d'antan (celle dont les Hébreux se nourrirent dans le désert était sans doute aussi la sève concrétée d'un végétal ; v. "Tamaris"). La manne figure depuis très longtemps dans la matière médicale arabe. Certains y voient le "miel de rosée" ou
"miel aérien" dont parle Galien, médecin grec du IIe siècle. Laxatif doux, agréable à prendre, cette substance eut son heure de gloire au temps où la purgation constitua la base de toute thérapeutique. Souvent falsifiée, parfois confondue avec celle du Mélèze, la manne était importée de Calabre et de Sicile où on la récolte encore*. La plus estimée était recueillie sur les feuilles (manna di fronde) ; à partir du XVIIIe siècle, on accrut la production par des incisions dans le tronc, pratiquées dans le courant de l'été, qui donnaient la mannaforzata. Elle était si appréciée au siècle des philosophes que certaines "personnes délicates et sensuelles" (Chomel) la mêlaient à leur café... mais les marchands de drogues en abusèrent à ce point que Chamberet pouvait écrire au début du XIXe (in Chaumeton, Fl. médic., t. 3, 1816) : "La manne constitue un des plus précieux ingrédients et un élément nécessaire de ces potions dégoûtantes et prolixement composées, dont les bonnes femmes, les médicastres, les guérisseurs officieux, etc., ne cessent d'abreuver les malades sans nécessité." Elle est tout à fait délaissée de nos jours.
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