<< M. Marc DIMANCHE AcTeurs M. René SERIEYS >>


Rencontre avec Mr. Dimitri SERVIERES, berger situé non loin de Caveirac au Mas Tinel sur le domaine de Vallongue, le 19/03/09. Lorsque je suis arrivé, il pratiquait la méthode du brûlis par matte, c'est à dire par fractionnement.

Vous trouverez ci-dessous les fichiers audio et le compte rendu de cet échange (La qualité du son est parfois médiocre à cause du vent).

Introduction-Contexte-Difficultés générales-Évolution du nombre d'éleveurs-La transhumance-Les aides (subventions)-les types de bergerie


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Nombre de brebis-Plantes appréciées-Production et vente d'agneaux-Laine-Migou-Conflits d'usage-Soins dispensés


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Syndicat race Raïole-La fermeture des milieux dans les mentalités-Pas de vacances !-Gestion du milieu (gyrobroyage...)-Les chiens-Les moyens de locomotion


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L'emploi du temps


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Quel âge as-tu ?

28 ans

As-tu toujours fait ce métier ?

Oui

Qu’est-ce qui t’as poussé à devenir éleveur berger ?

Je ne sais pas. C’est inné, c’est une passion sans laquelle il est impossible de le devenir.

Quelles étaient les difficultés à l’époque quand tu as commencé ?

C’est le droit de pâturer sur les terres, le foncier en général. Il est relativement aisé d'acquérir des moutons mais le problème est surtout sur le foncier, le terrain, les droits relatifs au droit de pâturage.

Quelles sont-elles aujourd’hui ?

Le temps. Je n'ai plus de temps pour moi...La famille, les loisirs etc. C'est un métier esclave, c'est du lundi au dimanche que ce soit les jours fériés, les jours de pluie etc... Si je veux prendre quelques jours de repos, je dois confier l'exploitation à un proche, une personne de confiance et même là, ce n'est pas toujours facile de gérer l'élevage, j'ai mes habitudes et les brebis aussi. Je ne peux donc pas me permettre de rester trop longtemps loin de l'exploitation. Maintenant, je ne garde plus les brebis l'été donc je peux me permettre de prendre quelques jours de repos.

Connais-tu le nombre d’éleveurs actuels dans la région ?

Il y a à peu près 300 détenteurs d'élevage (tous confondus) dans le département du Gard. Pour ce qui est des bergers, je ne sais pas. Le nombre de brebis est de 42000.

Est-ce que tu effectues la transhumance ? Si oui, quel chemin empruntes-tu ?

Oui. De Caveirac jusqu'à Barre-Les-Cévennes en Lozère. C'est 6 jours de marche à pied et 125 kilomètres.

Perçois-tu des aides (subventions) ?

Oui, la prime à la brebis (le fait d'élever une brebis), et une aide sur 5ans sur l'engagement de l'entretien des terrains, du foncier (la prime à l'herbe).

Quel type d’installation possèdes-tu ?

La bergerie est d'origine. Elle a 25 ans. A Caveirac, j'avais une bergerie tunnel car c'est économique, rapide à démonter. Par contre, au bout de plusieurs années les bâches se déchirent à cause du vent parfois violent dans la région et aussi à cause des cornes des chèvres et des brebis.

Combien possèdes-tu de moutons ?

J'ai actuellement 320 brebis

Quelle est la race de brebis que tu élèves ?

La race élevée est essentiellement la Raïole. J'ai aussi quelques chèvres.

Quelles sont les plantes que les moutons apprécient ?

En garrigue, c'est l'aphyllante de Montpellier. S’il y en a dans les garrigues, c'est que nous sommes en présence d'une bonne garrigue, bien découverte qui était autrefois pâturée.

Que produis-tu avec tes moutons ?

Je produis surtout l'agneau que je revends aux maghrébins. Je ne vends plus aux maquignons. J'ai arrêté de vendre les petits agneaux de lait (15-16 kilos) aux groupements car le prix est trop bas.

Valorises-tu la laine ?

Non, je la jette

Et le migou ?

Oui, on l'utilise surtout pour le potager, pour les gens qui ont des légumes, les viticulteurs.

Sens-tu des tensions par rapport au fait de posséder des moutons ? Lorsque tu effectues la transhumance ?

Non, il n'y a pas de tensions spéciales, à part les automobilistes et les clôtures à chevaux qui sont parfois installées sans autorisation.

Au niveau de la vaccination, quelle est la fréquence ? Pour quelles maladies les moutons sont-ils traités ?

Il y a une prise de sang annuelle faite au hasard sur 25% du troupeau, pour vérifier que les moutons n'aient pas la brucellose. Par contre pour les chèvres, c'est l'effectif complet qui est testé. Là on a vacciné les moutons contre la fièvre catarrhale ou langue bleue avec deux injections à 10-15 jours d'intervalle.

Combien y a t-il de Raïole actuellement dans le département ?

Il y en a 1700.

Y a t-il des associations qui s'occupent de préserver cette race en particulier ?

Oui, je fais d'ailleurs partie d'un syndicat de la race Raïole. On a du mal à trouver des gens qui veulent s'installer avec cette race et encore moins des jeunes. Elle est super rustique mais elle n'a pas un bon rendement. Elle fait des agneaux légers qui mettent beaucoup de temps à pousser.

Qu'aimerais-tu dire à propos de la mentalité actuelle qui pense que la présence d'une forêt est un signe de richesse naturelle ?

Sans pâturage, la garrigue ou la forêt se ferme et le jour où il y a un mégot mal éteint, tout prend feu et ce n'est pas deux hectares qui partent en fumée mais c'est par coup de 100 ou 200 hectares. Pour que la végétation reprenne le dessus et fasse des arbres de 10 mètres de haut, il faut x années donc, avant d'en arriver là, il vaut mieux faire de la prévention et entretenir. Cela ne coûte rien d'avoir un troupeau en garrigue au contraire, ça fait vivant et ça fait de la surveillance. La garrigue ne demande qu'à être broutée. Plus la végétation est courte, mieux elle repousse. Le problème c'est que dans le temps, les bergers faisaient du surpâturage et raclaient à mort les terrains. Cette image d'érosion des sols, de désertification est un peu restée dans les têtes. A l'époque, les bergeries se touchaient tellement il y en avait.

Au niveau de la gestion du milieu, quelles activités tu effectues sur ton terrain ?

J'ai acheté un gyrobroyeur avec lequel je peux ouvrir les milieux dans lesquels les brebis ne peuvent passer. En passant un coup, ça repousse beaucoup plus fin et les brebis aiment ça.

Combien d'hectares de terrain possèdes-tu ?

J'ai 300 hectares. Mais il y a 100 hectares inutilisables car le chêne kermès est trop haut, trop dense. J'ai aussi 15 hectares de terres labourables qui permettent notamment d'accueillir les brebis lorsqu'elles sont enceintes.

Combien de chiens possèdes-tu et quelle est leur race ?

J'ai deux petits bergers des Pyrénées, deux montagnes ou "patous" et une chienne croisée Border Collie. Les patous ne gardent pas, ils protègent. Le border lorsqu'il est de race pure est « con » car il fait des boucles, il va trop loin et moi, vu que je passe au bord des vignes ou des fils à chevaux, il faut que le chien puisse suivre ces barrières et fasse des vas et viens. Le problème, c'est que le border collie a du mal à le faire, donc c'est pour cela que j'ai effectué un croisement. Le border est très bien pour la plaine mais pas pour la garrigue.

Quels sont tes moyens de locomotion ?

J'ai un tracteur et la C15

Au niveau de la communication, fais-tu des activités pour faire connaître ton métier ?

Je fais pas mal d'expositions pour expliquer ce qu'est le métier de berger, j'amène des bêtes pour expliquer aux enfants ce qu'est un agneau, une chèvre etc... A l'école ils ne sont même pas capables de leur apprendre la différence entre une chèvre et une brebis ! Il suffit que la brebis ait des cornes pour que tout le monde prenne ça pour un bélier ! Tout ça il faut l'expliquer. A chaque fois que l'on fait la tonte au mois d'avril, on organise des portes ouvertes et les gens viennent voir comment on tond un mouton. Il faut prendre le temps d'expliquer car les enfants d'aujourd'hui seront ceux des générations futures et ce n’'est pas à l'école qu'ils peuvent apprendre cela. Il faut faire du concret.

Que penserais-tu de la mise en place d'un PNR garrigue ?

Je ne suis pas trop pour car dans ce cas là, on ne peut plus rien faire surtout au niveau des constructions. Il faut des droits etc.

Quel est ton emploi du temps ?

Je me lève, je fais le tour des bêtes pour voir s'il y en a qui ne sont pas malades ou blessées. Je fais les soins puis je donne à manger à celles qui ont les agneaux et aussi aux agnelles puis les béliers et toutes celles qui sont à l'infirmerie. Je vais ensuite chercher du foin pour le rentrer pour le lendemain. Je fais le plein d'eau, je bricole, je répare des barrières, des clôtures, je gyrobroie etc. Je mange puis, à 12h30-13h00, je vais en gardée jusqu'en fin de soirée. La nuit : rebelote, je redonne à manger, je fais les soins, je redonne de l'eau et aussi pour les chiens, qui mangent que le soir.

A quelle date s'effectue l'agnelage ?

Il se fait en septembre, octobre, novembre et aussi en février mars. Ce ne sont pas les mêmes brebis qui agnèlent. Celles qui ont raté en automne le font au printemps.
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